Quelques toiles présentées en 2002

Un art conçu pour le dialogue
Tatoo, 2000
Les orgues de Manhattan, 2001
Vertige, 2001
Ruche, 2001
Transfert, 2000
report pastel et crayon gras sur toile
140 x 100 cm

QUELQUES TOILES PRÉSENTÉES EN 2002

Avec Philippe Grosclaude, le Musée des beaux-arts s’interroge sur notre présence au monde
« Voir mon travail ainsi présenté dans un musée, c’est, pour moi aussi, le découvrir d’une autre manière », se réjouit Philippe Grosclaude dont les œuvres sont accrochées depuis samedi au Musée des beaux-arts du Locle. Création récente du peintre (1997-2001), s’inscrivant non pas en rupture mais dans le prolongement d’un travail poursuivi depuis 30 ans, cette série de monotypes et de grands pastels sur toile trouve là, sur les murs de deux salles spacieuses, son premier lieu d’exposition.

L’être humain, une priorité
Telle, parfois, l’image qui, encore floue, s’imprime sur la pellicule photographique, ou telle l’image qui s’en efface, parfois plus affirmée, plus clairement délimitée, la figure humaine hante l’œuvre du peintre. Une figure souvent excentrée dans un environnement d’architectures rectilignes ou coûtées, cernée de formes arrondies, d’ondulations ou de mouchetures lumineuses… « L’être humain, c’est en effet ma préoccupation principale, éclaire l’artiste qui vit et travaille à Genève. L’humain dans la société et dans la vie, avec sa difficulté d’être, l’humain en proie à une certaine solitude, confronté à une parole bâillonnée. En bref, l’humain et ses problèmes fondamentaux, existentiels. »

Il arrive pourtant, démarche la plus récente, que le peintre vide sa toile de toute présence, pour évoquer, par exemple, la destruction des Twin Towers de New York. Ou pour explorer motifs – l’étoile en est un – formes et perspectives en tant qu’éléments picturaux, quand bien même le spectateur garde toute liberté d’y repérer des symboles, et de les interpréter. Mais ces toiles ne dérogent pas à l’intention profonde de l’artiste : exprimer quelque chose qui est de l’ordre de l’implosion ou de l’explosion. Une approche hâtive pourrait conclure ici au paradoxe : explosifs ou implosifs, le mouvement du trait, la transparence de la couleur – même dense, elle n’est jamais opaque – ne relèvent nullement d’un travail rapidement exécuté, d’une inspiration spontanément jetée sur la toile. « Je procède par application de couches successives, en me concentrant sur une seule toile à la fois. C’est un long et lent travail, très maîtrisé. Mais cette maîtrise est rendue possible par la rapidité de la technique que j’ai choisie : le pastel « sèche » plus vite que l’huile ou l’acrylique ».

Découverte progressive
Mais c’est aussi parce qu’elle est « une interrogation, un questionnement perpétuels« , que la démarche de Philippe Grosclaude requiert du temps. Le temps de faire, le temps de regarder. L’exigence se reporte sur le spectateur, invité à découvrir peu à peu ce qui ne se voit pas au premier abord. A l’image de ces deux visages qui se font face (« Transfert », 2000), la peinture de Philippe Grosclaude s’ouvre alors sur le dialogue. Un dialogue d’une étonnante richesse.

Dominique BOSSHARD,Un art conçu pour le dialogue, L’impartial 2002

 

Exposition : Musée des beaux-arts, Le Locle 2002