Philippe Grosclaude

18 mars – 22 avril 1990
Hôtel-de-Ville, Yverdon-les-Bains

Philippe Grosclaude bâtit son œuvre et prend le temps de la faire. Le travail, à la craie grasse et au pastel est physiquement éprouvant sur des formats tels que ceux-ci : paradoxalement rapide (« il n’y a pas besoin d’attendre que cela sèche contrairement à l’huile et à l’acrylique »), il n’en reste pas moins laborieux et la progression en est lente, notamment en raison de la superposition des couches – parfois jusqu’à vingt ou davantage – indispensable pour apporter simultanément […]. Quant aux visages, auxquels le spectateur ne pourra que revenir sans cesse – ils sont clé de voûte de l’œuvre – c’est une lecture à niveaux multiples qu’ils offrent au regard. Il s’agit de les scruter patiemment, minutieusement. Derrière un apparent hermétisme transparaissent des émotions diverses. Ces visages révèlent parfois une exquise beauté, une noblesse de pose (surpris, comme tels, donc à leur insu), quand ils ne sont pas la proie d’une déformation que l’on pourrait qualifier d’onirique, pris qu’ils sont dans ce tourbillon de leurs destinées ; et voilés par le mouvement et l’immensité de l’espace.

Infini…
Personnages météores, éphémères et fragiles (et pourtant si solidement campés), n’évoquent-ils pas l’insondable mystère de la vie, la destinée à la fois infime et néanmoins irremplaçable de chacun? L’homme issu de la vie et tenant celle-ci entre les mains en devient responsable. L’infiniment grand et l’infiniment petit.

LE TOURBILLON DE LA DESTINEE, PdB (extraits, journal Yverdon-région Nord Vaudois 1990