Philippe Grosclaude – Peintures et travaux sur papier

1994
Galerie Anton Meier, Genève

PHILIPPE GROSCLAUDE, PILOTE DES TURBULENCES
Combat des Titans, avec chocs et étoiles; paysage glaciaire, blanc et bleu, avec, pour le réchauffer, le ton terreux des troncs; mouvement circulaire accompli autour d’un motif central: la figure humaine, où tout se noue. Les pastels de Philippe Grosclaude, qui se limite à ce médium depuis 1978, dénote un style et sont par là immédiatement reconnaissables (même indépendamment de leur signature, qui associe le tampon et l’autographe); pourtant, qu’il est difficile de les décrire!

L’équilibre des tensions
Posons plutôt les termes qui viennent à l’esprit lorsqu’on contemple ces tableaux: la beauté d’abord, évidente; la mélancolie, celle qui succède au drame; l’inquiétude de qui a appris à ne pas se cramponner à ses angoisses; le silence qui succède au cri. La pratique patiente du pastel, appliqué au fil de dizaines de couches successives, fixées à mesure, n’est sans doute pas étrangère à ce masque pacifié, où s’équilibrent les tensions. Couche après couche, l’artiste dépose angoisse et obsessions, les recouvre, les fixe, jusqu’à obtenir une beauté semblable au «rêve de pierre» baudelairien. […]


Parution d’une monographie
Philippe Grosclaude expose pour la cinquième ou sixième fois chez Anton Meier; la première fois que celui-ci l’avait accueilli, c’était voici vingt ans, à Carouge où le galeriste avait pignon sur rue et où l’artiste travaille encore. Né en 1942, Philippe Grosclaude a étudié les beaux-arts à Genève et obtenu trois bourses fédérales, avant d’exposer tant en Suisse alémanique qu’en Suisse romande. Aujourd’hui paraît aux éditions ABC à Zurich la première monographie à lui être consacrée, due à Françoise Jaunin. Bilan intermédiaire d’une oeuvre toujours en devenir, qui privilégie les formes « arrondies, elliptiques, paraboliques, trapézoïdales ou fisuformes« , selon Fritz Billeter, qui signe la préface. Le visiteur de la galerie ne manquera pas d’aller regarder, dans un local annexe, les grands formats : ailleurs appliqué sur du papier, du bois ou du carton, le pastel recouvre ici des toiles tendues, où les formes en expansion peuvent à loisir s’étirer et dépenser un potentiel d’énergie qui reste parfaitement maîtrisé.

LAURENCE CHAUVY, PHILIPPE GROSCLAUDE, PILOTE DES TURBULENCES, (extrait), Journal de Genève, 1994

Philippe Grosclaude Peintures et travaux récents sur papier
Galerie Anton Meier, rue St-Léger 8, Genève
14 avril – 14 mai 1994