Pastels – 2001-2002

Eloge de la lenteur
pastels 2002-2002
Pastel, crayon gras et fusain sur toile
140 x 100 cm

« J’avais besoin d’une technique rapide parce que je travaille lentement. » Paradoxal, Philippe Grosclaude ne l’est pas seulement dans son œuvre, qui met en scène les élans les plus contradictoires (apparition/disparition, violence/douceur, précipitation/retenue), mais dans sa manière de peindre, puisque l’artiste genevois a depuis longtemps renoncé aux pinceaux et aux tubes de couleurs.

Son outil de prédilection, c’est le pastel, que l’on associe à tort à des couleurs insipides, roses pâles ou bleus délavés. Grosclaude s’en empare avec la vigueur expressionniste d’un artiste pour qui le geste pictural est indissociable de la réflexion: couche après couche, il fait surgir de ses toiles aux formats imposants des univers incertains, architectures aléatoires, concrétions abstraites ou transparences suggestives. Extraordinairement lumineuse et dense, la matière vibre à travers l’accumulation de ces strates colorées. «La lumière doit jaillir par-derrière, chaque couche révélant la précédente», explique le peintre pour qui cette manière de travailler, calme et obstinée, tient à la fois de l’artisanat et de la méditation.
[…] Par son regard profondément humaniste, qui refuse le désengagement de l’abstraction tout autant que la désignation figurative, il dérange bien plus subtilement qu’il n’y paraît.

Eric Steiner, ELOGE DE LA LENTEUR, paru dans La Liberté et Le Courrier 2002
A l’occasion de l’exposition au Musée des beaux-art, Le Locle