Charles GOERG – Le dessin suisse 1970-1980, 1982

Charles GOERG

Le dessin suisse 1970 – 1980
Philippe Grosclaude

Depuis 1963, Philippe Grosclaude a abandonné la peinture pour se consacrer exclusivement au dessin. Il utilise le grand format qui correspond à l’ampleur de son geste el de ses formes. Il part, sans esquisse préalable, d’une idée première dont les sources d’inspiration proviennent des dessins précédents. Mais cette idée se modifie au cours du travail dont l’élaboration est lente. Il s’ensuit que l’ensemble des dessins de Philippe Grosclaude forme un tout homogène dont chaque partie est liée aux autres.

Autour de l’être humain, une thématique commune se dégage, provoquée par la confrontation de l’artiste à la société, affrontement douloureux, générateur de violence.

Celle-ci est dénoncée par les visages et les mains, traités non dans leur individualité mais dans leur généralité. La ligne tantôt les dramatise tantôt stylise les visages à la façon des masques nègres. L’expression de cette violence est cependant contenue par la structure de la composition que charpentent les formes organiques, atteignant la troisième dimension.

L’état conflictuel est souligné par l’utilisation presque exclusive du noir et du blanc. S’il y a couleurs froides (le bleu par exemple) elles fonctionnent comme des valeurs pour ménager un passage entre le noir et le blanc. S’il y a couleur chaude (rouge ou orange), il ne s’agit que d’une tache qui augmente la tension entre le noir et le blanc.

Mais Philippe Grosclaude n’est pas un artiste expressionniste parce que la maîtrise et la discipline qu’il applique à son œuvre contrôlent l’irrationnel pour parvenir à un juste équilibre entre le dynamisme et la retenue.

Charles Goerg, Philippe Grosclaude

In: « Le dessin suisse 1970-1980 », Musée d’art et d’histoire, Genève 1982