Acryl dès 1972

Peinture acryl dès 1972
acryl sur toile

Les plans vibrants sont devenus des surfaces planes uniformément colorées, le geste glissant du hasard s’est transformé en cerne ou pointillé volontaire, les hésitantes modulations colorées ont cédé la place à une construction lumineuse où chaque chose a sa place ; l’espace devient présence dynamique et mystérieuse. […]

Cette lumière mystérieuse qu’il porte, il la sécrète dans ses rapports de couleurs et de valeurs longuement travaillés par transparence ; planes dans leur définition, ses surfaces creusent un espace profond par leurs contrastes. Qu’ils soient formes géométriques ou symboles humains, ses plans vibrent dans leurs rapprochements de l’angoisse qu’il y a à chercher à les situer dans une autre réalité où les couleurs du verbe deviendraient celles de la conscience.

Par sa démarche, Grosclaude s’apparente aux intimistes, à ceux qui assument les mystères de leur être avant d’en rechercher les effets dans la nature, mais aussi aux constructivistes par sa rigueur plastique. Il allie la fermeté spirituelle des dessins ou gravures de Gleizes au réalisme pictural de Léger. Ce qu’il dit vient directement de son âme, mais il l’écrit avec des moyens simples, directs, volontaires qui rejoignent la vérité de ce qu’ils servent par l’objectivité de leur présence. Le style de Grosclaude, c’est cette manière d’affirmer le réel jusqu’à l’effacement, d’opposer les surfaces les plus arides dans un espace d’une grande cohérence, de contraster les volumes et les surfaces dans un équilibre tendu et vivant, de mêler la transparence de l’air à l’épaisseur de la chair, de définir sans interdire la communication et l’échange.

Le courage qu’il fallut au peintre pour assumer ses contradictions donne à cette peinture les couleurs d’une vérité qui ne peut laisser insensible sur le plan de l’expression, ni celui de sa formulation.

Grosclaude – Peintures – Gouaches, Jean-Luc Daval – Galerie Anton Meier, Genève, exposition 1er – 14 novembre 1973